Theo

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lundi 5 juin 2023

OUROBOROS

Parfois je me souviens d'une larme d'Apache
offerte un peu trop tôt aux serpes de l'aurore;
Elle avait roulé, là, sur ma joue sans attache
C'était je crois l'hiver dehors l'hiver encore.

Tu avais ce matin choisi triste pierre
et moi sans le savoir les ciseaux d'Atropos
pour couper du destin les ailes et le lierre;
En dernier, la tête de cet ouroboros.

Là-bas, il semblerait que le désert avance
la faute à qui Crénom?! Au vieux marchand de sable?
La mort toujours d'un coup de dés pipés devance
Les dunes demeurent des ogres insatiables.

Aphrodite n'est donc qu'affres au très long cou
Sur l'eau si lisse d'un étang glisse le cygne
noir - glisse - glisse en silence - sans un remous
Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la vigne.

Un cygne noir glisse en douceur - glisse en silence
comme une nef parmi les nénuphars inquiets
et cette brume qui flotte avec indolence
Reste-t-il des balles dans notre barillet?


vendredi 26 mai 2023

Des mots nouveaux

 

J'ai vu tantôt le jour tomber
comme un ange se laisse choir
des nuées ardentes du soir
- ailes par trop d'espoirs plombées -

Un vol de grues craquant là-haut
formait au ciel un éventail
nomade dans ce No Man's Sky
pour attiser le brasero

C'était la terre qui parlait
la langue immuable des signes
mais l'homme n'en était plus digne
tant il avait le cœur si laid

Et de ses geôles en géodes
Il regardait sans jamais voir
Il priait même sans y croire
et n'entendait plus aucune ode

Il nous faudrait des mots nouveaux
Redevenir un peu poète
En ça demeure notre quête
Il nous faudrait des mots nouveaux 

Les carabes

 


Six carabes aux carapaces smaragdines
se carapatent sous un ciel Caraïbes
L'un d'entre eux, le plus vieux, se nomme "Le Grand Scribe"
Il porte en collier, l'antique crapaudine

provenant, parait-il, d'un crâne batracien
après avoir avec ferveur et frénésie
agité devant lui un chiffon cramoisi
pour qu'il recrache alors ce grigri magicien.

Absurdes croyances, rituels macabres
car cette pierre ci, apprend-on, bien plus tard,
n'est rien de plus -non- qu'une pauvre dent de bar
Pas de quoi en faire tant et tant de palabres!

Le récit d'un poisson qui s'appelle Raymond
ou celui d'une raie qui redit ses mantras
sur un bout de comptoir au nord de Sumatra
tandis qu'un vieux curé dispense ses sermons.

Mais revenons-en plutôt à mes amis carabes
Scarabées d'infortune en armure de jade
qui quittent Caracas, tous à la dérobade,
les têtes bien planquées sous des turbans arabes.

Calendrier de l'Avent 2022

 

1.



Que font les cieux du haut des cathédrales?
Ils gargouillent entre eux ou bien avec
des mâtins, des diables bicéphales
des fées cornues, des corbeaux à trois becs

Ainsi va le temps quand les heures tels
des oiseaux s'envolent vers le passé 
Et les soeurcières œuvrent aux dentelles
aux larmes de Lys pour les trépassés 

2.


A l'instar de Zola et de ses compagnons
J'appellerai mon prochain recueil
"Les soirées de mes dents"
mais seuls les amants du XIXe
verront l'homme-mage sous le trait d'humour
Ce livre sera composé 
cela va s'en dire
en mots passants 
car je garde les mots-lierres
pour d'autres occasions

3.


Perché sur mon épaule, un corbeau très prolixe
faisant devant la cour un show digne des paons
pour être de ces rois le plus grand des phénix
charmait des convives les délicats tympans

Le grand freux, ici-bas, n'avait point son pareil
pour flatter mon égo en courtisant l'oreille
Il récitait ainsi tant d'illustres tirades
que les cœurs enjôlés battaient là la chamade!

Il savait les mots-lierres, les passions cornéliennes
et tous les bruissements secrets de la fontaine;
pouvait clamer des vers du très grand Euripide
et redorer blasons de bien des insipides. 

4.


Elle habite le mas sans chaussette. Sa ville a tout d'un port épique d'où partent et reviennent inlassablement des S cargos et des muettes. La muette est un oiseau qui a perdu la tête
et qui cherche l'O. Commotion lexicale. La ville a tout d'une gare saunière d'où reviennent et s'en vont inexorablement des P titans au souffle de charbon. Loco ou leitmotiv. Des escadrons de outardes piquant le ciel de leurs ailes en V plutôt qu'en M passent souvent au-dessus des toits turgescents. Doute...Ne serait-ce pas plus tôt en juillet? Comme un K torse bombé ou un K très en avance? La révolution du mot COEUR à explosion.
Mort au roi musqué! Vive le rat masqué - de fer - et les raies qui aiment les daims mesquins non sans risquer quelque no sense ou le coup de queue d'un QR Coq.
La ville a bien aussi un chateau hanté avec un grand parc pleins de faons-hommes et de chats en T. Ou sont-ce des chats hantés dans un manoir en T? Plus l'enfant TOM?
Vers l'an cent...le homard devint si fou qu'il promenait un G rare au bout d'une laisse en criant "Bataille Nerval!" Parce que Veni Vidi Vinci😄



La Gloire de ma mère



Mon premier mot avait deux temps
Mon premier mot fut un présent
bercé par ta voix familière
et la douceur d'un bras de mère
Mon premier chant était ce cœur
Horloge d'un monde intérieur
Battement d'Elle -une évidence-
Nid Gironde Elle en résidence
Mon premier mot était futur
tendre promesse sans rature
Une maison avec un TOI
et tes baisers contre le froid
Mon premier mot comme un bateau
avait un mât où aussitôt
j'accrochai voile et tous mes rêves
puis de ton ventre fit ma grève
De ton regard un horizon
Quand j'étais de toi la raison
Au creux de notre bel hiver
Je fus la gloire de ma mère

Euclide & Co


Sur un rythme euclidien et des basses marées
quand la vague s'en va, emportant avec elle,
des palais, des secrets, des géants amarrés,
Elle chante encore d'une voix éternelle


Je m'envole à mon tour au royaume des nues
Age d'or fait néant par des hommes sans tête
qu'il vaudrait mieux désormais rebaptiser bêtes
tant cette humanité a la savoir ténu


Et tout le mal au cœur comme un ténia tenace
Mais que voulais-tu donc qu'on y change hélas?
Je m'envole à mon tour au royaume des nues
Me fondre dans les bleus, nos songes ingénus...




Kafka


Des idées noires comme les prisons de Piranèse
J'en ai légions dans mon cerveau à chaque Une
Pyromancienne ou bien Piton de la Fournaise
Pythie Ubik Piranha fou de ces lagunes


Des cauchemars et des cafards à la Kafka
sur le rivage des Syrtes...A qui le tour?
Pire anathème astral roue calendaire inca
Aurais-je autant clos...portes à double tour?

Si je découpe Nuit en losanges rebelles
C'est pour mieux fuir le jour qu'un dieu trace à la craie
là sur le macadam redevenu marelle
Moi je préfère les lunes aux belles raies

Et je porte à mon cou une dent d'Arlequin
En mon cœur, une ambre retenant dans ses geôles,
une larme de fée, l'œil fauve de Vulcain
sur mes trois paupières de si longs traits de khôl

Je laisse dériver au gré des utopies
cet esprit, voyez vous, plus frappé que frappeur
J'ai vu Pluton en pyjama faire toupie
Panurge recompter ses moutons à vapeur

Le Temps a tout brûlé! Les songes! Les forêts!
En soufflant de grands feux, en crachant des cantiques
Et me voici Follet de bien sombres marais
ou tigre de carton dans une arène antique

J'habite en Ephémère un Infini Quantique
Le Temps a déchiré mes ailes de papier
Au loin j'entends pleurer les derniers romantiques
Le Gladiateur salue le Roi aux douze pieds.

Les moi sauvages



A quoi ressemble mon cerveau?
A l'assemblage de nuages
deux cumulo en stratus quo
d'où s'envolent des moi sauvages


Un jour, j'écris sous le soleil
un autre pris dans la tempête
lorsque l'eau rage à mon oreille
je rugis pire qu'une bête!


Et je maudis la ronde lune
de m'avoir déclaré poète
un soir sur la pente des dunes
m'offrant la rime pour conquête


Des océans sans terre au bout
des horizons indéchiffrables
des mots sacrés de Marabout
De ficelle en château de sable


A quoi ressemblent mes sommeils?
A des dédales sans issue
Parfois au pays des Merveilles
peuplés de rêves incongrus


Où des Mozart en escarpins
dansent sous des pluies diluviennes
Un marcassin en mocassins
préfère une valse de Vienne


Baliverne et coquecigrue
Coq et six grues au bal hivernent
La Belladone & la Cigüe
à table au fond d'une taverne


Voici l'écheveau des idées
que je dévide au cœur des nuits
comme un lapin sous LSD
qui court à rebours! qui s'enfuit!


Chafouin Chamane ou Chapelier
Shadow Shadock ou bien Sherlock
Centaure à tête de bélier
avec deux gros yeux à la coque


Que vais-je faire de cela?
Quand Matin mettra son tutu
et ses chaussons en cervelas?
Je chanterai turlututu


A mes deux caries boute-en-train
mon cul tanné et ma peau laine
Le jour dira que j'ai un grain
et je dirai : "Quelle Aube benne!"


mardi 7 mars 2023

ORIFABLE

 


Le vent aimait une fée aux cheveux de sable

quelque part sur le bord d'une plage oubliée

où la fée se plaisait à sculpter moultes fables

que la mer s'empressait tout le temps de délier.


Le vent, quand il pouvait, emportait les histoires

avant que l'eau trop affamée les dévore toutes ;

Il allait les cacher tout au creux des mémoires

de ces autres conteurs dont on croise la route


parfois, là, au hasard d'une vie sans histoire,

sur le bord d'une rive ou un coin de banquise ;

à la table d'un bar, tout au bout d'un comptoir

sur les bancs de l'école ou bien ceux des églises.


Il en dissimulait sous les feuilles d'automne,

sous les ailes des grues, dans les cris des tempêtes

et dans l’œil sombrero des fous et des cyclones

même, m'a-t-on dit, dans la poudre d'escampette.


A qui savait chercher, ces trésors se montraient

au pied d'un arc-en-ciel, au sommet des falaises;

A qui savait rêver, ces trésors se donnaient

déguisés en chansons, sornettes et fadaises.


Quelque part, sur le bord d'une plage oubliée,

une fée dessinait en écoutant la mer...

Le vent, trop amoureux, brisa les sabliers

et l'emporta très loin, dans les confins d'Ether...




vendredi 28 octobre 2022

Signal

 

J'ai bâti des châteaux que la mer dévora

Ramassé des galets dans mes tous petits seaux

Puis écrit des prénoms emportés par les flots

Contemplé l'horizon sans savoir qui sera


La voile s'élevant contre ce bleu profond

Le prochain goéland à rompre la surface

Mes pas sur le sable ... témoignages fugaces

Peu importe la forme s'il nous reste le fond 



samedi 22 octobre 2022

Zone 51bis

J'ai mesuré l'étoffe de nuit entre deux étoiles puis les vapeurs d'une mer qui dormait sur la lune. J'ai mesuré le temps qu'il me faudrait sûrement pour oublier l'écho d'une voix et ceux des battements d'un coeur. En solitaire endurcie, j'ai mesuré le bruit des foules et celui du Silence au bord des précipices quand les gouffres résonnent encore des cris des damnés. J'ai mesuré l'espace entre deux coups de rame du nocher, entre deux coups de fouet du cocher. J'ai mesuré les ricochets sur l'Achéron, les vermillons du Styx comme Humboldt, lui, armé d'un cyanomètre, mesurait le bleu du ciel. J'ai mesuré les doutes entre l'aube et les couchers de soleil derrière des îles baignées de brume. J'ai mesuré la chute de l'ange au dernier équinoxe. Je me suis mesurée aux dieux en recouvrant ces pages de mon sang d'encre. Je ne crois pas que je rêvais de grandeur mais j'aimais goûter à ce vertige que vous file la Vie quand vous l'habillez de mots taillés sur mesure pour mieux la dévêtir dans la chambre sordide d'un vieil hôtel en rêvant d'un palais...

lundi 20 avril 2015

Apocalypse


Après minuit, c'est dans mes songes que tu fuis
- Corneille Funambule Amazone Améthyste -
La pluie tombant des nues n'est-elle jamais triste
dans ce monde perdu qui n'est plus aujourd'hui?

Tu danses sur les flots comme un vaisseau fantôme;

La voile est bien latine et la voyelle grecque
mais pour chanter ainsi, la sirène a un bec
qui sait ensorceler le plus petit atome.

Ses écailles d'argent brillent au firmament

et son reflet s'égare dans ces eaux d'ébène;
Des rives de Molène à celles de Mytilène,
je rêve encor de toi quand dorment les gréements.

La mer est présage, ton corps cette presqu'île,

le grain de peau soyeux comme un sable d'ailleurs,
nos silences frères, nos rires chamailleurs;
La vague a dévoré la moitié de la ville.

J'ai croisé dans les rues des singes en scaphandre,

des mangues dévêtues et d'autres orchidées,
des flammes de couleur dont tu n'as pas idée,
des gardes pétrifiés attendant de pourfendre.

Cloches carillonnent, les carpes s'entrechoquent,

la berge perd du temps sous le souffle d’Éole
et ton odeur s'immisce dans chaque alvéole;
Il me semble soudain qu'on a changé d'époque...




mardi 3 décembre 2013

Le Bateau-Livre








Si Elle était la Muse pour conter l’Amour
Le long des docks, sur tous les quais, par tous les temps
Elle était aussi Ruse pour tromper le Temps
Ma fusée d’allégresse et rime de secours.

Sous d’autres latitudes, un Bateau-Livre
Bien indolent voguait, toutes pages au vent ;
Sa proue ensorcelée prophétisait souvent
Des lendemains obscurs à des marins bien ivres.

Lorsque le Songe alors m’embarquait sur son pont,
Je scrutais à mon tour l’horizon des tropiques,
Fredonnant les chansons des légendes épiques,
Une flasque d’alcool planquée dans le plastron.

Car sous ces latitudes, l’Amour ne se dit pas
Il se dissout sucré sur la langue de muses
Autres et vertes dont les corsaires abusent
Pour étancher la soif qui les mène au trépas.

Là dans ces cales remplies de poudre et de rhum,
Les loups des mers hurlaient en chœur toute la nuit
Puis titubaient jusqu’au gaillard sans trop d’appui
Pour pisser sous l’étoile tout ce foutu sérum.

Ça leur rongeait le cœur, les rêves de galions
Aux malles débordant de ces trésors mayas
Ça leur rongeait les sangs, le vin et le tafia
Et moi j’étais des leurs, un pauvre moussaillon

Lorsque le Songe alors m’embarquait sur ce pont
Mais mon or était blanc comme brume lunaire
Et je courais après depuis des millénaires
Sans jamais m’en emparer plus d’une saison.

Aux femmes de chaque port je contais l’amour
Et dans chacune d’elles je cherchais ma muse
Les belles s’amusaient, n’y voyant point de ruse,
Mon âme, elle, était lasse de tant de détours.

Chaque fille de chaque port lui ressemblait,
C’était sa chevelure au Comptoir d’Acadie,
Son regard éclatant sur l’Île des Maudits
Je les embrassais toutes et mon cœur tremblait

Le temps d’une étreinte ô combien illusoire !
Puisque aucune d’elles ne sut combler ce vide
Je reprenais le large, encore plus impavide
Et dans d’abjectes gnôles noyais là ma mémoire !

Sous d’autres latitudes, un Bateau-Livre
Bien indolent voguait, toutes pages au vent ;
Sa proue ensorcelée prophétisait souvent
Qu’au-delà de la grande barrière de givre

Je retrouverais celle pour qui je contais
Les larmes des sirènes, le chant des fontaines
Et L’amour de Pâris pour sa douce Hélène
Tandis qu’une mer si furieuse battait

Les coques empressées de la flotte achéenne,
Celles des brigantins au cœur des Caraïbes
Ne laissant au final à la grève que des bribes
Des chants, des souvenirs et aussi quelques peines…