J'ai mesuré l'étoffe de nuit entre deux étoiles puis les vapeurs d'une mer qui
dormait sur la lune. J'ai mesuré le temps qu'il me faudrait sûrement pour
oublier l'écho d'une voix et ceux des battements d'un coeur. En solitaire
endurcie, j'ai mesuré le bruit des foules et celui du Silence au bord des
précipices quand les gouffres résonnent encore des cris des damnés. J'ai mesuré
l'espace entre deux coups de rame du nocher, entre deux coups de fouet du
cocher. J'ai mesuré les ricochets sur l'Achéron, les vermillons du Styx comme
Humboldt, lui, armé d'un cyanomètre, mesurait le bleu du ciel. J'ai mesuré les
doutes entre l'aube et les couchers de soleil derrière des îles baignées de
brume. J'ai mesuré la chute de l'ange au dernier équinoxe. Je me suis mesurée aux
dieux en recouvrant ces pages de mon sang d'encre. Je ne crois pas que je rêvais
de grandeur mais j'aimais goûter à ce vertige que vous file la Vie quand vous
l'habillez de mots taillés sur mesure pour mieux la dévêtir dans la chambre
sordide d'un vieil hôtel en rêvant d'un palais...
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