Theo

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mercredi 25 août 2021

AbrA[r]cad[i]abrAme

 

De la nuit j’ai gravé les versants enlunés ;

dévalé des nuées, entraînant dans ma chute,

des branches d’étoiles et des cordes de luth

car j’étais des rêveurs, ô le plus fortuné !

 

Moi, j’avais des îles, des châteaux suspendus

dans des brumes si blanches qu’on les crut mariées ;

Moi, j’avais des villes, des jardins, des orées,

un Olympe et des muses d’un sourire fendues

 

qui aimaient se mirer dans l’or noir des puits

puis conter fabliaux quand crépitent les flammes

- De si douces amours pour le cœur de ces dames -

Fredonner rengaines en dansant sous la pluie.

 

Moi, j’avais des îles, deux L à mon prénom,

un empire où les rimes au soir se bousculent

comme pipistrelles fondent au crépuscule ;

j’étais le ménestrel, toi, tu étais chanson…

 

J’étais Pierrot le fou parfois ce frère Jacques

qui ne voulait dormir ni sonner les mâtines

de peur que l’aurore bien trop tôt élimine

l’Eurydice perdue dans ses heures dionysiaques.

 

Il manque des fontaines à la Chantefable

Il manque un carrosse à ce vieux carrousel

Il manque des oyes et quelques damoiselles

Il manque au rivage maintes lettres de sable.

 

Il manque des rires, de l’encre sur nos doigts

II manque bien trop de temps à cette éthernité

Un comble – diras-tu ! Que font les déités ?

Nous les avons priées pourtant combien de fois ?

 

Et Cypris renaissant des écumes songeuses !

Et Phoenix des cendres sur le bord du Vésuve !

Eros était ivre de larmes et d’effluves,

étendu au solstice d’une dune neigeuse.

 

D’utopies en tipis, d’anathème en totem,

enchantions-nous la Terre et ses pensées sauvages.

C’était plus qu’un credo, une loi, un langage

quand Plume libérait ses légions de poèmes.

 

Il reste des pays à peupler de merveilles,

Des pages à noircir, des chandelles à moucher,

Des tarots à jouer, des secrets à coucher

Sur le vélin des jours en défiant le soleil.

 

Il reste à dompter d’innommables falaises,

Des arcs à bander et d’autres à colorer ;

On dit que ceux des cieux dissimulent Borée,

Le chasseur d’orage, le souffleur de genèse.

Il reste à trouver cette pierre turquaise

quelque part à l’abri dans nos marges anciennes

Et toutes ces vagues, ces valses de Vienne…

Je chanterai si fort pour que Moires se taisent !

 

Je rimerai si haut que tomberont des nues

Les dieux, les chérubins, les ruses de Loki ;

Scanderai syllabes comme un vieux Cherokee

et réinventerai des mondes saugrenus

 

D’autres Atlantide flottant dans l’Espérance

De nouvelles Babel surgissant de l’Abysse

Referai d’Arcadia fabuleuse Polis

pour t’offrir encore ces plus belles errances.

 

 

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