J'avais rêvé pour toi cette ville nouvelle
où sans cesse chantaient de vivantes fontaines;
De kabbale en cavale, à bord de caravelles,
on rejoignait son port dans ces nuits incertaines
guidées par les rires cristallins des naïades
qu'une eau de jouvence rendait presqu'éthernelles.
Ici, je te jouais des airs de sérénades
escortée d'angelots aux impassibles ailes.
Des marmots cabotins dont les marmoréens
murmures résonnaient dans ces rues sans passant;
la pierre avait un coeur d'un bleu azuréen
qui versait du chagrin comme on verse du sang.
J'avais rêvé pour deux cette ville perdue
entre un ciel fugueur et l'absence tenace;
Eaunirique Cité, peut-être aurais-je du
offrir plus de larmes aux margelles hélas...
Car l'Oubli a voulu museler Chantefable
d'un mauvais sort jeté à ses eaux bien-aimées;
L'Oubli fut facétieux, le plus malin des diables
et pour pouvoir le vaincre, il fallut arrimer
tous mes vers sautilleurs à tes vers cicatrices;
Ressusciter les dieux aux si vasques espoirs
afin de découdre les bouches cantatrices;
Rallumer les astres qui débordaient le soir.
J'avais rêvé pour nous cette ville perchée
sur le crâne pointu d'un géant troubadour
et l'eau, de là-haut, en échos ricochets
conterait promptement confidences du jour.
Elles n'ont nul besoin ces âmes des fontaines
de violons, de lyres, de cithares en ut
car leur voix translucide est bien l'unique reine
des bassins et des puits, des niches et des chutes.
Regardons-les courir de chape en chapiteau,
écoutons-les nous dire un secret vaporeux;
Il se peut que demain, je m'endorme bien tôt
pour bâtir à nouveau une ode en ces lieux.
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