Comment souffler dans une corne ?
Muse, Toi qui sais tout des chants
de Vent, de Brume et d'Olifant
des soirs d'hiver, des matins mornes...
Comment souffler dans une corne ?
Muse, Toi qui sais tout du Temps
du Cœur des rois, du fil des Nornes...
*
J'avais suivi ton souvenir
dans les venelles d'une ville
où tout, Ma Muse, osait frémir
comme au zénith, pavés et tuiles
J'avais suivi ton souvenir...
**
Se remémorer
tout ou presque
un futur sans retour
comme une rivière
que remontent les anadromes
sous les tamis des chercheurs d'or
et le regard de Marilyn
Puisque la pluie là-bas
se danse là-bas se danse
comme une ronde de sabbat
se danse là-bas se danse
Chevelures aux vents
contraires
Laves
Cendres
Laissons aux papys russes
missiles, Kremlin
pour quelques missives
et douceurs de vélin
***
L'aube n'est encore qu'à ses balbutiements
Au-dessus des rochers planent les balbuzards
Un Mage dans l'écume déchiffre le hasard
comme s'il relisait le grand livre du Temps
****
Que dit la mer ?
Ce ne sont que rumeurs
de vieilles rancœurs
des colères amères
des mots pourfendeurs
d'anciennes promesses
tombées dans l'Abysse
comme des vins de messe
au fond des calices
*****
Pour t'écrire mots bleus comme les flots d’Égée
J'ai trempé ma plume dans le sang de Limule
Ô pages tachetées, cabotages légers
Fantassins papillons et romance de bulle
Je te raconterai belles histoires d'eau
mais à dormir debout sous les haubans de hune
Des récits d'horizons, de récifs, de dodos
de licornes venues des océans de Lune
Et ces trésors perdus au cœur des profondeurs
Vestiges d'un passé gardés par des vestales
aux nageoires drapées d'impensables splendeurs
et de cheveux brillant comme un feu de métal
Pour t'écrire mots roses, ces pétales chus
J'ai trempé ma plume dans le sang de Méduse
puis j'ai livré mon âme à son bec si crochu
que l'émoi l'emporta sur le moi aux cents ruses
Je te raconterai tous ces poissons presqu'îles
les brasiers allumés sur le dos des baleines
les destins oubliés que lisait Tanaquil
dans le vol des oiseaux et celui des phalènes
Je te raconterai...
*****
Comment chasser le secret dans l'Art de Musique
Soprano prisonnier de cette tour de briques
quand les flammes chauffent alambics et cornues
Comment chasser les dieux dans l'entrelacs des nues
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Dans l'ombre d'un boudoir, il advient bien souvent
qu'une plume, seule, pleure sur le papier
quand la cire elle aussi, en proie au long tourment
tombe des sanglots blancs comme pour expier
la folie qui lui prit il y a fort longtemps
d'avoir bien trop aimé sans le prouver assez
une étoile noire, reine du firmament
pour qui tout ce ciel fut renversé, dépecé
Pour qui furent jetés tous les cieux à ses pieds
effeuillés les soleils marguerites à nu
faites ces alcôves dans l'infini guêpier
des nébuleuses bleues, de ces novas en crue
Dans l'ombre d'un boudoir, Âme trouva chemin
qui mène aux sources chaudes et chuchoteuses
mais dut pour traverser renoncer à demain
figer les sabliers, démembrer les trotteuses
Mon songe peut être doux ou serial killer
Mensonges sont ce lac où les saisons s'inversent
où tout lors se suspend : un souffle, un cœur, une heure !
Les tours n'ont plus de murs, le fort est sans la herse
...
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