Un
jour que j’admirais chaque ourlement de lettre
Que
vous m’aviez offert sur la page vergée
Bouche-bée
devant tant de vos jambages maîtres
Les
quinquets larmoyants pour vos hampes gorgées
De
cette encre semblable à l’étoffe d’un pape
Et
l’aube naissant au-dessus des vergers
Des
vignes dont elle caresse chaque grappe
Un
jour que j’adorais vos T, vos Q, vos G
Je
me trouvai ravie, au comble de l’extase
Que
chacun de ces mots qui m’avait submergée
Ne
fût rien que pour moi lorsque la moindre phrase
Aurait
donc fait bander le roi et le clergé !
Un
jour que je touchais du bout de mes dix doigts
Cette
missive chère à ce cœur élégiaque
Tout
ce vélin soyeux transporta mes émois
En
des temps révolus, là, tout au bord d’un lac
Vous
rêviez étendue dans l’herbe et la rosée
A
des temps plus païens, à des landes sauvages
Tandis
que d’une tige armée d’un épillet
Je
taquinais vos seins libérés du corsage
Et
vos soupirs pareils à ces chants de roseaux
Je
les entends encor dans ce jour qui s’éteint
Comme
je sens toujours un peu de votre peau
En
frôlant du papier le plus petit des grains
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