Theo

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vendredi 14 janvier 2022

Un jour que j'admirais

 

Un jour que j’admirais chaque ourlement de lettre

Que vous m’aviez offert sur la page vergée

Bouche-bée devant tant de vos jambages  maîtres

Les quinquets larmoyants pour vos hampes gorgées

 

De cette encre semblable à l’étoffe d’un pape

Et l’aube naissant au-dessus des vergers

Des vignes dont elle caresse chaque grappe

Un jour que j’adorais vos T, vos Q, vos G

 

Je me trouvai ravie, au comble de l’extase

Que chacun de ces mots qui m’avait submergée

Ne fût rien que pour moi lorsque la moindre phrase

Aurait donc fait bander le roi et le clergé !

 

Un jour que je touchais du bout de mes dix doigts

Cette missive chère à ce cœur élégiaque

Tout ce vélin soyeux transporta mes émois

En des temps révolus, là, tout au bord d’un lac

 

Vous rêviez étendue dans l’herbe et la rosée

A des temps plus païens, à des landes sauvages

Tandis que d’une tige armée d’un épillet

Je taquinais vos seins libérés du corsage

 

Et vos soupirs pareils à ces chants de roseaux

Je les entends encor dans ce jour qui s’éteint

Comme je sens toujours un peu de votre peau

En frôlant du papier le plus petit des grains

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