Theo

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mardi 18 juillet 2017

La Vénus de Cyrène

A quoi donc rêvé-je lorsque je pense à elle ?
A cette ombre acéphale près d'une fontaine
qui naguère chantait l'eau d'une ode aussi belle
que celle de Scylla mais au cœur de Cyrène

L'eau n'est plus aujourd'hui et Vénus a perdu
sa caboche et ses bras sous les salves du temps
-Réminiscence bleue ô pâles résidus,
écume des pages emportée par l'autan !-

Que ricochent ces jours dans les céruléennes,
dessinent les cheveux qui ruisselaient jadis !
La déesse a des airs d'Antigone et d'Hélène
mais son ombre meurtrie est celle d'Eurydice

Étaient-ils d'or comme l'épi ou bien de jais
comme une nuit qui ne verrait jamais la lune,
ces longs cheveux qu'à la fontaine elle lavait ?
J'aimerais davantage une cascade brune...

déroulant là ses flots sur des épaules nues
que le soleil d'orient a tendrement hâlées
Je ne veux pas d'un corps naïf et ingénu
mais des chairs sauvages, connaissant l'art d'aimer

Si les siècles coupeurs de mains, coupeurs de têtes
des albâtres et des marbres firent leurs cibles,
je pense aux seins gonflant sous le burin esthète ;
ces deux seins de pierre aux charmes indicibles

Je me console ainsi, songeant que les deux yeux
alors triomphant sous cet auguste front
-qu'ils fussent miroirs d'eau ou tempêtes de feu-
devaient être aussi beaux que les chers tétons.




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