A quoi
donc rêvé-je lorsque je pense à elle ?
A
cette ombre acéphale près d'une fontaine
qui
naguère chantait l'eau d'une ode aussi belle
que
celle de Scylla mais au cœur de Cyrène
L'eau
n'est plus aujourd'hui et Vénus a perdu
sa
caboche et ses bras sous les salves du temps
-Réminiscence
bleue ô pâles résidus,
écume
des pages emportée par l'autan !-
Que
ricochent ces jours dans les céruléennes,
dessinent
les cheveux qui ruisselaient jadis !
La
déesse a des airs d'Antigone et d'Hélène
mais
son ombre meurtrie est celle d'Eurydice
Étaient-ils
d'or comme l'épi ou bien de jais
comme
une nuit qui ne verrait jamais la lune,
ces
longs cheveux qu'à la fontaine elle lavait ?
J'aimerais
davantage une cascade brune...
déroulant
là ses flots sur des épaules nues
que le
soleil d'orient a tendrement hâlées
Je ne
veux pas d'un corps naïf et ingénu
mais
des chairs sauvages, connaissant l'art d'aimer
Si les
siècles coupeurs de mains, coupeurs de têtes
des
albâtres et des marbres firent leurs cibles,
je
pense aux seins gonflant sous le burin esthète ;
ces
deux seins de pierre aux charmes indicibles
Je me
console ainsi, songeant que les deux yeux
alors
triomphant sous cet auguste front
-qu'ils
fussent miroirs d'eau ou tempêtes de feu-
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire