Theo

Theo

dimanche 22 janvier 2017

Le Crâne et le Coeur

Dans une cage en fer dormait depuis mille ans
et vingt lunes de plus le cœur d'une sorcière,
au fond d'une crypte que seule la lumière
du candélabre d'or éclairait en tremblant.

Il était dur et noir; on l'aurait dit d'onyx
et prompt à se fendre sous la lame du glaive.
Le Temps en Grand Saigneur avait drainé sa sève
comme font les stryges sans violence, sans rixe

profitant du sommeil et des rêves profonds
pour s'abreuver sans bruit aux gorges assoupies
puis tarir lentement ces sources qui font don
d'un si précieux nectar au milieu de la nuit.

Mais qui donc avait pris ce coeur rouge jadis
et l'avait caché là dans la geôle bénite?
Derrière ces barreaux, sur un coussin de lys,
la chair se fit l'éclat d'Obscure Dragonite.

Aux vêpres entêtées, il arrivait parfois
- si tant est que l'on tende suffisamment l'oreille -
d'entendre les moines dans un commun éveil
psalmodier avec force et tout autant de foi

le nom de leur frère puis celui d'une femme
qui sitôt écoutés, s'oubliaient sur le champ!
Ainsi en était-il de cet étrange chant
qui conjurait le sort et priait pour deux âmes

Car des corps à présent il ne subsistait guère
que ce cœur pétrifié dans sa prison d'acier
et ce crâne perché sur le dôme de fer
dont les gouffres béants ne cessaient de veiller.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire