Theo

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mercredi 5 octobre 2016

Hic sunt dracones


Scylla, sais-tu qu'un i si grec qu'il soit ici,
là-bas reste toujours un i car plusieurs têtes
aussi belles soient-elles, serties d'épithètes,
ne suffisent pas à bien penser, c'est ainsi.

Ni même deux jambes à marcher vite ou droit,
ni même deux ailes à voler comme il faut.
Demande à Icare qui, jouant le gerfaut,
chuta quand Sire Râ fit lors de lui sa proie.

Demande à l'Hydre - ô mélancolique encéphale! -
puis au grand Cerbère qui sa fougue exacerbe
aux portes des Enfers quand tout devient proverbe.
Demande aux oiseaux morts sur les bords de Stymphale.

Et Charybde, ta sœur, sait bien de quoi je cause!
Elle, si lasse, aux pieds ensablés des falaises,
attendant qu'un navire entravé dans la glaise
lui livre son festin - ô corps pleins d'ecchymoses -

et dont, trois fois le jour, dans d'atroces vortex,
elle recrache les peaux puis vomit tous les os,
qui, à leur tour, tourbillonnent, captifs des eaux.
Scylla, sais-tu cela sur ce i circonflexe?

Île ou détroit...les méandres de l'exégèse;
des messages cachés sous des femmes chimères,
sous les vers lancinants du poète des mers
quand les rêves se font entre des parenthèses.

Et si jamais Scylla s'écrie dans l'antre folle,
c'est à Circé encor qu'elle devra son sort
car du destin, chacun est le monstre à ressort,
le pantin dépité dont l'Autre, un jour, rigole.



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