Theo

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jeudi 26 mai 2016

Faune et Flore

Ses sœurs l'avaient coiffée d'une tendre couronne
où s'enlaçaient gaiement des pampres et des lierres,
piqués ici et là de pensées fanfaronnes
qui lorsqu'elle dansait, lui donnait un air fier.

Au rythme des tambours et des flûtes de Pan,
elle suivait le cortège de ses pas sautilleurs,
sous les yeux égrillards de plusieurs ægipans
et d'autres chèvre-pieds au sourire enjôleur.

On fêtait la saison à l'orée des forêts;
L'horizon était vert et le vin sur les lèvres
laissait douces notes de sève et de genêt;
Là tout n'était qu'ivresse! Tout n'était que fièvre!

Les jattes semblaient pleines du jus de la treille,
les coupes déborder des cadeaux de l'été;
Les joues étaient rouges et les bouches groseille
au son des tambourins, des lyres entêtées.

Après avoir couru les plaines, les coteaux,
tourné sur des chemins jonchés de baies sauvages,
à l'ombre du sous-bois, on passa le tantôt
à goûter du Plaisir les capiteux breuvages.

Flore, près du ruisseau, avait abandonné
son thyrse, sa coiffe et la peau de fauve
qui couvrait à peine ses grâces passionnées
pour rafraîchir dans l'eau ses plus roses alcôves.

Tapi derrière un buis, Faune la contemplait,
l'oeil brûlant, les muscles frissonnant de désir,
attendant qu'icelle s'étende sous le dais
du ciel pour se sécher entre deux rêveries.

Quittant enfin l'onde pour un tapis fleuri,
la fille s'endormit bercée par le soleil,
les odeurs suaves qu'exhalait la prairie
et le bourdonnement cotonneux des abeilles.

Le satyre avança discrètement vers elle,
sur la couche moussue s'allongea à son tour,
s'enivrant du parfum délicat de la belle;
Plus loin résonnaient encore quelques tambours.

Sa langue alla bon train sur ses courbes humides,
ses mains velues glissaient le long des versants vierges
et tandis que Flore poussait des cris timides,
Faune planta en elle sa féroce verge.

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