Theo

Theo

mercredi 28 mai 2014

Bleu nuit

Sa chevelure était telle une pleine nuit,
sa peau, elle, plus blanche qu'une pleine lune;
La mer avait laissé des reflets de lagune
dans ses grands yeux songeurs amoureux de la pluie.

Jamais je ne connus d'aussi léger baiser
que celui de sa bouche au si tendre dessin;
elle avait la couleur de la chair du raisin
qui pend en abondance aux pampres d'Elysées.

J'aimais la regarder contempler l'Indicible
de ces grands yeux songeurs amoureux d'élégies;
tout ce qu'elle mirait devenait féérie,
mon âme, ce phénix, si elle était sa cible.

Au coeur des ténèbres quand seules les chandelles
continuent de danser cette mort à trois temps,
quand la dernière des résistances s'étend
à son tour dans ce champ de lys et d'asphodèles,

Je l'ai tant aimée, ma sultane aux seins de nacre
Ishtar, Thémis, gardienne des douze arcanes;
l'Amour sculpta pour nous des arcades toscanes,
des bassins où flottaient ribambelle de macres,

et de grands baldaquins d'où tombaient avec grâce
les traînes des comètes, la soie des abysses;
des fontaines de corail dont quelques ibis
bleus venaient ainsi boire les larmes véraces.

Et dans ce Paradis ô mille fois perdu!
Je l'ai tant adorée, ma bergère infidèle,
elle qui courait les champs de lys, d'asphodèles,
ne se souciant guère de ces cœurs éperdus;

Et dans cet Enfer Ciel ô mille fois rêvé!
Je l'ai tant attendue, ma pâle majesté,
elle qui passait naguère, qui n'a su rester
sans chercher ailleurs d'autres mots ou névés

de ses grands yeux songeurs amoureux de fantômes,
de vaisseaux dérivant sur la Mer des Nuées;
J'avoue avoir été de raison dénuée
quand de son corps offert, je goûtais chaque arôme;

J'avoue avoir brûlé d'un désir indicible
quand ses satins m'effleuraient d'exquise façon,
j'étais alors la proie de bien ardents frissons
et tout en ces instants me paraissait possible.

Nous touchions l'Infini de nos doigts enlacés
et nos ombres dansaient cette mort à trois temps
dans les nues dissolues où l'étoile éclatant
constellait nos peaux d'éphélides verglacées.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire