Mare Imbrium

La Mer des Pluies

A la belle saison, l'onde était claire;

les vagues faisaient un doux clapotis

quand les eaux tombant de la nue stellaire,

s'unissaient aux autres, déjà blotties

dans ce vaste lit de terre lunaire.

Ainsi donc naquit des pluies cette mer,

de ces flots déchus d'un Mystère cosmique,

voilà si longtemps que nul ne l'explique.

L'écume y était rare, délicate

comme les mots qu'il plaisait à Phoebé

de chuchoter à l'oreille d'Hécate,

sur ces rives tendrement imbibées,

de tristesses aux moires écarlates,

d'espérances qui sonnaient la cantate.

L'écume elle, avait des accents rose

même les jours à l'humeur plus morose.

C'est ici que la Fille des Sélennes

emporta tout mon rêve et, pour adieu,

posa sur ma bouche un baiser phalène

avant d'y souffler ce dernier aveu

dont l'écho me suivit, nimbé de peine,

jusqu'aux portes cuivrées de l'Aube Laine.

Et mon oeil s'ouvrant sans faire de bruit,

laissa s'enfuir une perle de pluie.