Le poète, sais-tu, n'est pas si mal
armé
Il a pour triompher mais avant tout
charmer
ainsi que joue Orphée aux portes des
Enfers
d'une lyre sorcière, une plume de fer.
Ce phanère plongé dans les encres du
Styx
arrache aux abysses tous ces cœurs qui
« suffixe »
Et c'est bien là, je crois, tout son
talent d'Eschyle
d'être tantôt Pyrrha, tantôt le
grand Achille.
Voici plus de mille ans que le soleil
s'endort
sur le corps de Muse comme un amant
fourbu
à force de baisers ourlant de feuilles
d'or
ses lèvres auxquelles lui aussi a tant
bu.
Et cette peau d'ombre est de l'arbre
l'écorce
qui lui plaît de graver en figures de
style
parfois même, entends-tu, dans la
langue du morse
quand son mal rend les mots ô combien
inutiles !
Mots passants-dits tout
bas-dissolus-dé[lé]biles
Spleen&Mélancolie ne sont
qu'histoires de bile
Mots c[r]achés à la fin, à la face
des dieux
mis en tropes-mauvais-pleins d'accents
et d'adieux
Mots fléchis-maux
fléchés-grandiloquents ou tus
métaphores filées- épithètes têtues
Solistes-mausolées-délétères-maudits
Doux leurres font toujours de belles
mélodies.
Voici plus de mille ans que la lune
répand
sur le corps de Muse ses sanglots
argentés
Est-ce donc un tango que dansent ces
serpents ?
Ou bien de ces marées la valse
déjantée ?
A ces pages d'écume il a voué son art
avoué ses rimes et tant d'autres
péchés !
Il est à sa façon un joueur de
cithare
quand des notes les mots se sont
amourachés
Des mots doux-des mots tels des venins
emmiellés
Des mots bleus où le ciel à des yeux
s'est mêlé
et des mots à demi pour clients
émotifs
ô grands mots agissant pour de sombres
motifs !
Images présumées- mots méandres-
otages
Des mots mis en boites ou des momies en
cage
Mots de passe-mots clés-moqueries
enfantines
Le poète bafouille ou alors baratine
Et c'est bien là, hélas, son seul
talon d'Achille
d'être le rimailleur au cœur des
nuits d'ivresse
alors qu'il rêve encore d'être le
grand Eschyle
Mais Muse est folle qui pis est
enchanteresse !
Ainsi donc c'est l'Orphée aux portes
des Enfers
qui voudrait triompher mais ne fait que
charmer
car sa lyre jamais n'abolira ses fers
Un poète, vois-tu, ça naît bien mal
armé...
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