Theo

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mercredi 5 septembre 2018

Figura


Le poète, sais-tu, n'est pas si mal armé
Il a pour triompher mais avant tout charmer
ainsi que joue Orphée aux portes des Enfers
d'une lyre sorcière, une plume de fer.

Ce phanère plongé dans les encres du Styx
arrache aux abysses tous ces cœurs qui « suffixe »
Et c'est bien là, je crois, tout son talent d'Eschyle
d'être tantôt Pyrrha, tantôt le grand Achille.

Voici plus de mille ans que le soleil s'endort
sur le corps de Muse comme un amant fourbu
à force de baisers ourlant de feuilles d'or
ses lèvres auxquelles lui aussi a tant bu.

Et cette peau d'ombre est de l'arbre l'écorce
qui lui plaît de graver en figures de style
parfois même, entends-tu, dans la langue du morse
quand son mal rend les mots ô combien inutiles !

Mots passants-dits tout bas-dissolus-dé[lé]biles
Spleen&Mélancolie ne sont qu'histoires de bile
Mots c[r]achés à la fin, à la face des dieux
mis en tropes-mauvais-pleins d'accents et d'adieux

Mots fléchis-maux fléchés-grandiloquents ou tus
métaphores filées- épithètes têtues
Solistes-mausolées-délétères-maudits
Doux leurres font toujours de belles mélodies.

Voici plus de mille ans que la lune répand
sur le corps de Muse ses sanglots argentés
Est-ce donc un tango que dansent ces serpents ?
Ou bien de ces marées la valse déjantée ?

A ces pages d'écume il a voué son art
avoué ses rimes et tant d'autres péchés !
Il est à sa façon un joueur de cithare
quand des notes les mots se sont amourachés

Des mots doux-des mots tels des venins emmiellés
Des mots bleus où le ciel à des yeux s'est mêlé
et des mots à demi pour clients émotifs
ô grands mots agissant pour de sombres motifs !

Images présumées- mots méandres- otages
Des mots mis en boites ou des momies en cage
Mots de passe-mots clés-moqueries enfantines
Le poète bafouille ou alors baratine

Et c'est bien là, hélas, son seul talon d'Achille
d'être le rimailleur au cœur des nuits d'ivresse
alors qu'il rêve encore d'être le grand Eschyle
Mais Muse est folle qui pis est enchanteresse !

Ainsi donc c'est l'Orphée aux portes des Enfers
qui voudrait triompher mais ne fait que charmer
car sa lyre jamais n'abolira ses fers
Un poète, vois-tu, ça naît bien mal armé...

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