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Toi -Rêveur acharné- que l'Autre
Monde obsède
Renverse un Calice pour ériger un
Pont !
Suis cette Voyelle qu'on somme d'être
Con/
Sonne la cloche encor ! Et
puis...qu'Alice t'aide
à traverser le Temps, ses sables
émouvants.
Il te faudra aussi franchir des miroirs
d'eau
sur le dos de Chats-Mots ou celui de
Dodos
et tendre l'oreille quand murmure le
Vent
car dans chaque conte -innée fable
d'émeraude
est tapi un secret ; il suffit de
compter
jusqu'à cent sur ses doigts des
dragons indomptés
Que naisse un continent d'une nuit en
maraude !
Comptines Chantez donc ! Ces Alpha
B, ces souris vertes,
tous ces barons perchés, ces comtes
qui se marrent
Au diable Marquises ! Des anges
couche-tard
traînent leurs ailes d'or dans des
chambres désertes.
Te voici dans l'Antre... Songe enfoui
quelque part
entre hier et demain...Bientôt tu
trouveras
sur la berge du fleuve tous les
macérats
des âmes attendant que passe le
brouillard
pour que surgisse alors la barque du
nocher
Ombre glissant sans bruit sur l'onde de
mes nuits
Et contre un verre d'absinthe offert
après minuit
il t’emmènera alors vers la Cité
cachée
Esinev au verso des carnets
polymathes
C'est la ville psyché où des palais
flottants
dans l'aube endolorie laissent rois et
sultans
balancer leurs reflets des balcons
acrobates
Ici, vois-tu, Charon conduit la Gondola
sur de sombres canaux où les pleurs
des défunts
viennent mêler leurs sels à des flots
de parfums
Entends son aviron frotter la Forcola
Ô Dame de nage ! Quelle poupe
vous faites !
Ainsi donc ciselée dans le bois du
noyer
Et dansant dans les yeux délavés des
noyés
Pernicieuse beauté c'est dire si vous
l'êtes !
Ô Téthys altière ! Ton corps
est toujours noir
A croire que longtemps tu immergeas tes
courbes
dans les eaux d'un Cocyte épais comme
la tourbe
qui servait à l'Obscur de lit et de
crachoir
Sonde donc l'abîme de toute sa
longueur !
Les corbillards aussi suivent le cours
de l'eau
On doit être poète, amoureux, matelot
pour goûter en ces lieux les affres du
bonheur
Je crois bien que Dante pensait à
cette ville
quand il fit de ses maux toute une
comédie
Tu croiseras ici des peintres, des
bandits
des Circé déguisées, Sirènes et
Sibylles
Ô Mémoire éperdue si je pense à ces
rues !
Ces méandres de pierre où nos rimes
se perdent
Orphée, dis-nous donc, les Enfers et
leur laird
si semblables chemins ont-ils donc
reconnus ?
Moi j'ai conté l'espace entre ces
noirs espars
comme un chantre entre les cordes
saurait conter
les amants fantômes venus tant nous
hanter
quand la lune tachée ressemble au
léopard
Esinev île au trésor posée
sur la lagune
Tes rues sont aux pages de ma mémoire
vive
des marges biscornues où les saisons
dérivent
des récits d'Outre-Rêve et criblés de
lacunes
Faut-il lors dérouler dans se dédale
-Amor-
les fils de nos heures qu'entrelacent
mes Moires ?
Je crains parfois qu'il manque à ce
très vieux grimoire
un abracadabra défiant les Pythagore
J'ai succombé cents fois à tous ces
sortilèges
ces divines lueurs lorsque le jour
s'est tu
ce soleil qui répand sur les seins des
statues
ses ardentes faveurs en nombreux
florilèges
Et ce sont nos noces qui errent sur ces
ponts
à pas de loup - timidement - on ne
doit pas
déranger les pierres qui sommeillent
en bas
ni l'aurore ondoyant dans son voile en
crépon
⚓
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