Theo

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jeudi 16 août 2018

Mes Moires


-1-

Toi -Rêveur acharné- que l'Autre Monde obsède
Renverse un Calice pour ériger un Pont !
Suis cette Voyelle qu'on somme d'être Con/
Sonne la cloche encor ! Et puis...qu'Alice t'aide

à traverser le Temps, ses sables émouvants.
Il te faudra aussi franchir des miroirs d'eau
sur le dos de Chats-Mots ou celui de Dodos
et tendre l'oreille quand murmure le Vent

car dans chaque conte -innée fable d'émeraude
est tapi un secret ; il suffit de compter
jusqu'à cent sur ses doigts des dragons indomptés
Que naisse un continent d'une nuit en maraude !

Comptines Chantez donc ! Ces Alpha B, ces souris vertes,
tous ces barons perchés, ces comtes qui se marrent
Au diable Marquises ! Des anges couche-tard
traînent leurs ailes d'or dans des chambres désertes.

Te voici dans l'Antre... Songe enfoui quelque part
entre hier et demain...Bientôt tu trouveras
sur la berge du fleuve tous les macérats
des âmes attendant que passe le brouillard

pour que surgisse alors la barque du nocher
Ombre glissant sans bruit sur l'onde de mes nuits
Et contre un verre d'absinthe offert après minuit
il t’emmènera alors vers la Cité cachée

Esinev au verso des carnets polymathes
C'est la ville psyché où des palais flottants
dans l'aube endolorie laissent rois et sultans
balancer leurs reflets des balcons acrobates

Ici, vois-tu, Charon conduit la Gondola
sur de sombres canaux où les pleurs des défunts
viennent mêler leurs sels à des flots de parfums
Entends son aviron frotter la Forcola

Ô Dame de nage ! Quelle poupe vous faites !
Ainsi donc ciselée dans le bois du noyer
Et dansant dans les yeux délavés des noyés
Pernicieuse beauté c'est dire si vous l'êtes !

Ô Téthys altière ! Ton corps est toujours noir
A croire que longtemps tu immergeas tes courbes
dans les eaux d'un Cocyte épais comme la tourbe
qui servait à l'Obscur de lit et de crachoir

Sonde donc l'abîme de toute sa longueur !
Les corbillards aussi suivent le cours de l'eau
On doit être poète, amoureux, matelot
pour goûter en ces lieux les affres du bonheur

Je crois bien que Dante pensait à cette ville
quand il fit de ses maux toute une comédie
Tu croiseras ici des peintres, des bandits
des Circé déguisées, Sirènes et Sibylles

Ô Mémoire éperdue si je pense à ces rues !
Ces méandres de pierre où nos rimes se perdent
Orphée, dis-nous donc, les Enfers et leur laird
si semblables chemins ont-ils donc reconnus ?


Moi j'ai conté l'espace entre ces noirs espars
comme un chantre entre les cordes saurait conter
les amants fantômes venus tant nous hanter
quand la lune tachée ressemble au léopard

Esinev île au trésor posée sur la lagune
Tes rues sont aux pages de ma mémoire vive
des marges biscornues où les saisons dérivent
des récits d'Outre-Rêve et criblés de lacunes

Faut-il lors dérouler dans se dédale -Amor-
les fils de nos heures qu'entrelacent mes Moires ?
Je crains parfois qu'il manque à ce très vieux grimoire
un abracadabra défiant les Pythagore

J'ai succombé cents fois à tous ces sortilèges
ces divines lueurs lorsque le jour s'est tu
ce soleil qui répand sur les seins des statues
ses ardentes faveurs en nombreux florilèges

Et ce sont nos noces qui errent sur ces ponts
à pas de loup - timidement - on ne doit pas
déranger les pierres qui sommeillent en bas
ni l'aurore ondoyant dans son voile en crépon





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