C'est ici que tout
commence. A l'équinoxe de printemps. Parce qu'il faut bien un début.
« Printemps » signifiant en ancien français « premier
temps », il me semblait intéressant (ou plus juste du moins)
de choisir cette date comme point de départ bien que le temps soit
aussi rond que la planète sur laquelle les hommes, un jour, ont
inventé ce concept.
Ce pourrait être le
premier jour de l'an nouveau. Pourquoi pas ? Le 1er janvier n'a
pas davantage de légitimité. Lorsque j'étais enfant, l'année
commençait en septembre à chaque rentrée scolaire et se terminait
en juin. Juillet et Août n'étaient pas vraiment du temps. Ces deux
mois flottaient dans une sorte d'espace indéfini. Ils étaient
Vacances. Ils étaient Manque.
J'aime le mot équinoxe.
J'aime quand le jour et la nuit sont à égalité. Pourquoi
faudrait-il toujours un gagnant et un perdant ? Équinoxe ferait
un beau prénom pour quelqu'un né dans cette aube et ce crépuscule si
bien partagés.
En ce 20 mars 2018,
je couvre donc d'encre la première page de ce carnet. Journal de
bord ou intime ? Je laisse le soin à de futurs hypothétiques
lecteurs de choisir mais sachez que je préfère de loin être le
capitaine d'un bateau livre que l'écrivain ivre de nostalgie et
reclus dans l'obscurité d'une chambre.
Si mes propos sont
décousus et qu'il n'y a pas vraiment de linéarité à mes
souvenances, rappelez-vous que le temps est rond comme la Terre. Il
est L'Ouroboros qui se mord inexorablement la queue. Mes pensées
sont libres de marcher où elles veulent. Elles peuvent emprunter la
circonférence mais aussi les diamètres et les tangentes.
J'avancerai sur le dos d'un Dragon pour une histoire sans fin ou bien
je m'accrocherai à ses griffes.
Je serai à la barre
d'une nef qui fend les mers, essuie les tempêtes, échoue parfois
sur des bouts de terre perdus dans les océans, rattrapée alors par
les fantômes du temps et qui rêvera toujours de grand large. Mais
il n'y a pas d'horizon sans sillage...
Parce que je
m'interrogeais aujourd'hui sur l'étymologie du mot « giboulée »
après avoir été giflée à l'arrêt de bus par une pluie de
grêlons, j'imaginai Mars non plus en dieu guerrier au bouclier
d'airain mais en femme, buste d'opale aux seins de glace que j'aurais
enlacé dans mes songes fiévreux. Elle n'avait plus de jambes, seule
une queue de poisson comme la sirène médiévale mais cet appendice
fondait sous les premières caresses du printemps, laissant un lit
tout humide de son absence et transformant l'humble pucier en Pinta
balançant sur des flots frénétiques. L'Océan naît-il d'une
goutte d'eau ? Suis-je encore du printemps ? Je pense aussi
à cette chanson de Bensé « C'est moi l'éternité en vrac,
c'est moi qui dévore les enfants, c'est moi l'espoir et puis la
claque c'est moi le printemps »
J'ai appris que l'origine de « giboulée » serait
méridionale. Il y a un « gibourna » signifiant
grésiller ; action de tomber du grésil, ce mélange de
granules de neige et de cristaux de glace.
Mars est blanche. Mars est bleue.
J'ai
voulu dresser une liste des lignes réelles ou imaginaires. J'ai
commencé par épier le creux de ma paume et cette ligne de cœur qui
n'était qu’ hachures jusqu'à toi puis j'ai voulu fixer la ligne
d'horizon oubliant qu'elle n'existe pas au cœur des villes parce
qu'elle a besoin d'Océan. J'ai fini par compter les lignes de bus
qui six jours sur sept me mènent au boulot. Ici, on les appelle des
lianes. Il y en a plus de 70 pour traverser la jungle urbaine et moi
j'emprunte la 4, la 9, la 11...
Bonjour, je suis désolée de vous déranger mais j'ai lue un document que vous avez écrit au sujet des runes et j'aurais aimée en savoir plus 😊😁
RépondreSupprimerJe suis navrée d'insister mais je suis vraiment très intéressée par votre document et j'aimerais vraiment en savoir plus 😳😁😁
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