Theo

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dimanche 20 décembre 2015

Divagalame

A la proue, une ondine d'un regard persan
fixait là l'horizon sans jamais vaciller;
c'est d'ambre et d'écume qu'elle était maquillée,
les seins nus et offerts aux baisers d'Océan.

Derrière la brume, qui sait si bientôt,
Terre s'esquisserait comme un rêve incertain...
un mirage doré, perdu dans le matin
qu'espèrent les marins debouts sur leurs bateaux.

Combien de jours passés, peut-être de saisons?
Combien d'astres comptés, de lunes découpées?
Combien de mers d'huile, de valses chaloupées
lorsque le sel ronge tout jusqu'à la raison?

Combien de rugissants, de détroits assassins?
De poulies arrachées, de voiles en lambeaux?
De safrans suspendus, de poupes, d'étambots?
De vergues d'artimon, de cordes, de brecins?

A la proue, une ondine au regard immuable
fendait l'air chaud du soir sans jamais s'assoupir;
ce sont d'algues, d'embruns qu'elle aimait se vêtir
et songer en cachette à des châteaux de sable

dont elle serait alors l'étrange souveraine.
Aux pieds des ponts levis, les vagues danseraient;
sous les brûlants remparts, les flots murmureraient
de vieilles histoires envahies de sirènes.

Combien de nuits, d'ancres, de pâles équinoxes?
Combien de galaxies, d'éclipses qui s'enchâssent
et de quilles brisées? Combien de marées basses
lorsque des nues, les eaux se font le paradoxe?

Combien de chants lointains, de sombres pavillons?
De sextants et d'amers, de boussoles inquiètes?
D'écueils à demi-fous, de rires de mouettes?
De cartes esquissées, de rouges tourbillons?

A la proue, une ondine au regard éperdu
contemplait l'Océan et le jeu du ressac;
Fallait-il croire encore au rivage d'Ithaque?
A la voûte des cieux, Charybde s'est pendue.

1 commentaire:

  1. Petite qestion... si Charybde s'est pendue, où est Sylla?!


    Océane.

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