Theo

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jeudi 1 mai 2014

Printemps 2114

Et tandis qu'au dehors une pluie s'opiniâtre,
Lisa songe nue et blottie devant l'âtre;
A ses pieds, ronronne un persan au poil noirâtre,
qui surveille d'un seul oeil les flammes folâtres.

Voici donc ce que le doux pinceau de Clarisse,
d'un trait fort amoureux, en cet instant esquisse
sur la toile qu'étreint un chevalet complice.
L'Heure est contemplation après tant de délices.

Comment rendre à sa peau sa carnation sublime?
Il faut la note d'or, une mesure infime
de carmin, de vermeil dans ce blanc magnanime
pour qu'enfin, par magie, le dit tableau s'anime.

Car, au matin, depuis mille ans, Lisa s'en va
vers les nuits d'un Ailleurs où Clarisse n'est pas
ce corps qui console et ses lèvres et ses doigts...
mais juste un souvenir trop aliénant parfois.

Jusqu'à la prochaine lune des Douze Cendres,
Lisa gardera l'odeur de sa Chère et Tendre
au creux de sa Mémoire, dans chaque méandre;
Clarisse peindra l'Amour qu'il lui faut attendre.

Elle la fera naïade, nymphe ou ondine
et même alors des steppes l'illustre tsarine;
elle la fera tzigane, Reine Séraphine,
déesse païenne, succube et concubine.

Ainsi, chaque portrait, sous le style enchanteur,
réduira cette Grande Absence à quelques pleurs
dissous derechef dans des vagues de couleurs;
L'Art est toujours fervent sorceleur à ses heures.

Et ces nuits inconnues où Clarisse n'est pas,
Lisa, elle, plongera encor plongera
dans le sang bleu des étoiles sa plume-doigt
pour confier au ciel ce qui ne se dit pas.


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