Theo

Theo

mardi 3 décembre 2013

Le Bateau-Livre








Si Elle était la Muse pour conter l’Amour
Le long des docks, sur tous les quais, par tous les temps
Elle était aussi Ruse pour tromper le Temps
Ma fusée d’allégresse et rime de secours.

Sous d’autres latitudes, un Bateau-Livre
Bien indolent voguait, toutes pages au vent ;
Sa proue ensorcelée prophétisait souvent
Des lendemains obscurs à des marins bien ivres.

Lorsque le Songe alors m’embarquait sur son pont,
Je scrutais à mon tour l’horizon des tropiques,
Fredonnant les chansons des légendes épiques,
Une flasque d’alcool planquée dans le plastron.

Car sous ces latitudes, l’Amour ne se dit pas
Il se dissout sucré sur la langue de muses
Autres et vertes dont les corsaires abusent
Pour étancher la soif qui les mène au trépas.

Là dans ces cales remplies de poudre et de rhum,
Les loups des mers hurlaient en chœur toute la nuit
Puis titubaient jusqu’au gaillard sans trop d’appui
Pour pisser sous l’étoile tout ce foutu sérum.

Ça leur rongeait le cœur, les rêves de galions
Aux malles débordant de ces trésors mayas
Ça leur rongeait les sangs, le vin et le tafia
Et moi j’étais des leurs, un pauvre moussaillon

Lorsque le Songe alors m’embarquait sur ce pont
Mais mon or était blanc comme brume lunaire
Et je courais après depuis des millénaires
Sans jamais m’en emparer plus d’une saison.

Aux femmes de chaque port je contais l’amour
Et dans chacune d’elles je cherchais ma muse
Les belles s’amusaient, n’y voyant point de ruse,
Mon âme, elle, était lasse de tant de détours.

Chaque fille de chaque port lui ressemblait,
C’était sa chevelure au Comptoir d’Acadie,
Son regard éclatant sur l’Île des Maudits
Je les embrassais toutes et mon cœur tremblait

Le temps d’une étreinte ô combien illusoire !
Puisque aucune d’elles ne sut combler ce vide
Je reprenais le large, encore plus impavide
Et dans d’abjectes gnôles noyais là ma mémoire !

Sous d’autres latitudes, un Bateau-Livre
Bien indolent voguait, toutes pages au vent ;
Sa proue ensorcelée prophétisait souvent
Qu’au-delà de la grande barrière de givre

Je retrouverais celle pour qui je contais
Les larmes des sirènes, le chant des fontaines
Et L’amour de Pâris pour sa douce Hélène
Tandis qu’une mer si furieuse battait

Les coques empressées de la flotte achéenne,
Celles des brigantins au cœur des Caraïbes
Ne laissant au final à la grève que des bribes
Des chants, des souvenirs et aussi quelques peines…


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire