Le long des docks, sur tous les
quais, par tous les temps
Elle était aussi Ruse pour
tromper le Temps
Ma fusée d’allégresse et rime de
secours.
Sous d’autres latitudes, un
Bateau-Livre
Bien indolent voguait, toutes
pages au vent ;
Sa proue ensorcelée prophétisait
souvent
Des lendemains obscurs à des
marins bien ivres.
Lorsque le Songe alors m’embarquait
sur son pont,
Je scrutais à mon tour l’horizon
des tropiques,
Fredonnant les chansons des
légendes épiques,
Une flasque d’alcool planquée
dans le plastron.
Car sous ces latitudes, l’Amour
ne se dit pas
Il se dissout sucré sur la langue
de muses
Autres et vertes dont les
corsaires abusent
Pour étancher la soif qui les
mène au trépas.
Là dans ces cales remplies de
poudre et de rhum,
Les loups des mers hurlaient en chœur
toute la nuit
Puis titubaient jusqu’au gaillard
sans trop d’appui
Pour pisser sous l’étoile tout ce foutu sérum.
Ça leur rongeait le cœur, les
rêves de galions
Aux malles débordant de ces trésors
mayas
Ça leur rongeait les sangs, le vin
et le tafia
Et moi j’étais des leurs, un pauvre moussaillon
Lorsque le Songe alors m’embarquait
sur ce pont
Mais mon or était blanc comme
brume lunaire
Et je courais après depuis des
millénaires
Sans jamais m’en emparer plus d’une
saison.
Aux femmes de chaque port je
contais l’amour
Et dans chacune d’elles je
cherchais ma muse
Les belles s’amusaient, n’y
voyant point de ruse,
Mon âme, elle, était lasse de tant
de détours.
Chaque fille de chaque port lui
ressemblait,
C’était sa chevelure au Comptoir
d’Acadie,
Son regard éclatant sur l’Île des Maudits
Je les embrassais toutes et mon cœur
tremblait
Le temps d’une étreinte ô combien
illusoire !
Puisque aucune d’elles ne sut
combler ce vide
Je reprenais le large, encore plus
impavide
Et dans d’abjectes gnôles noyais là
ma mémoire !
Sous d’autres latitudes, un
Bateau-Livre
Bien indolent voguait, toutes
pages au vent ;
Sa proue ensorcelée prophétisait
souvent
Qu’au-delà de la grande barrière de
givre
Je retrouverais celle pour qui je
contais
Les larmes des sirènes, le chant
des fontaines
Et L’amour de Pâris pour sa douce
Hélène
Tandis qu’une mer si furieuse
battait
Les coques empressées de la
flotte achéenne,
Celles des brigantins au cœur des
Caraïbes
Ne laissant au final à la grève
que des bribes
Des chants, des souvenirs et
aussi quelques peines…
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