Theo

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jeudi 17 octobre 2013

Sérénissime

Dans l'entrelacs de venelles vénitiennes,
je suis cette ombre peut-être familière.
Elle a le soulier ruisselant, comédienne
la cape - et Lune est notre gondolière.

Quand l'autre Ys oscille doucement sous les eaux
j'aime la ville endormie et cette fille
fantôme qui laisse couler dans les canaux
toute la mélancolie de ses pupilles.

Elle porte un masque de plumes et de feuilles
dont les couleurs varient au fil de son âme.
Ce sont des bleus de mer, des verts ivres d'orgueil,
des ocres assassins, des pourpres oriflammes.

Puis l'Astre déborde des marges azurées;
au-dessus de sa tête fleurit une ombrelle
- galante corolle aux ailes démesurées
que je caresse alors d'un regard si frêle.

La contempler cause à mon corps bien des frissons,
des fièvres et des songes éthyliques.
L'attendre encore remplit mon coeur de chansons,
de papillons et d'océans pyroboliques.

Elle porte des noms merveilleux enjôleurs
qui changent chaque fois au fil de l'histoire;
des noms qu'elle écrit sous les porches oiseleurs
avec les cendres blanches de nos mémoires.






1 commentaire:

  1. Excellentissime... une merveille à l'italienne.
    "On rêvait de Venise et de liberté" disait Cabrel...

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