Theo

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vendredi 8 novembre 2013

Une île


Il est une île, cachée dans l'Océan-Nuit
Sa forme étrange évoque une licorne ailée
Amants et rêveurs seuls savent la révéler
quand les voiles lactées alors deviennent suie.

Il faut trouver le jour en fuite ou la dame
qui, lancée à ses trousses, cavale bien folle
sur l'alesan de brume dont les crins de flammes
tracent dans le ciel des vagues chrysocolles.

Mortelune c'est le nom qu'on lui donne ici
car sa chevelure elle, a l'éclat de l'argent
Tour à tour amazone et passeuse de temps,
c'est dans une yole qu'elle peut filer aussi

vers cette île cachée dans l'Océan-Nuit;
Sa barque tel un écrin recèle les ombres
des ascètes amoureux d'Orage et de Pluie
de tout ce qui se conte sans dire un nombre.

Les rivages ne sont que des songes mouvants
où s'enlisent les coeurs trop pressés d'amarrer;
puis le vent les effeuille avant que la marée
n'empale sur sa lame les derniers vivants.

Ainsi fleurissent sur la grève fleurs de sel
où par milliers se posent des papillons noirs;
Et leurs ailes se frottant font des étincelles
qui s'envolent en choeur dans la brise du soir.

Vois cette île perdue dans la Nuit-Océan,
ces flancs déchirés que les siècles ont pansés,
cette falaise vive où tout a commencé
lorsque la Terre mêla ses laves à nos sangs.

Et sur ses verts coteaux marchent des corbeaux bleus
trainant derrière eux par un fil de soie
des crânes en papier couverts de mots sableux
qu'ils abandonnent là, à l'entrée des sous-bois.

Les orées sont semées de ces origamis;
A la rosée, ils se délitent lentement
et leurs vers nébuleux, par un envoûtement,
font pousser des narcisses aux yeux de rubis.

Il est une île...


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